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fast-portrait
28 novembre 2008

la femme capivome par Aram

Un corps beau dans un corsage. C'est celui de la femme capivome.

De sa large bouche sort une tignasse rousse comme les terres de sienne où au creux de l'hiver les plaqueminiers se grappent de kakis d'or. A cette filasse buccale se mêlent les objets de la nature : feuilles mortes et animaux vivants qui traînent au devant d'elle lorsqu'elle évolue à reculons. Un bestiaire mystique compose la faune de cette forêt cuivre qui croît comme les arbres poussent. Des nuées d'insectes grouillent sur son visage composant l'imago cannibale qui bouffera sa face d'où vont et viennent les êtres qui l'habitent.
Quelques poils noirâtres, aux os de son sourire, diffusent un complexe de senteurs pestilentielles alors que sa langue caresse les mèches qu'elle dégueule. On sent venir au loin cette femme capillaire avant de voir sa face nous tourner le dos lorsqu'à pas arrières elle évolue vers nous.
Par temps de pluie et à l'automne, la mousse envahit les mèches, ses cheveux verdoient. Puis, viennent les champignon abritant les chenilles devenant papillon pour qu'au printemps dansent autour d'elle des milliers de phalènes en une ronde merveilleuse de pétales vivants. Là où ses cheveux fourchent, de sa salive perle comme un suc brillant d'où la lumière semble jaillir constellant cette orange cascade de paillettes étincelantes. La gueule ouverte, saignant sans repos ses poils citrouille, la femme capivome n'est pas effrayée d'habiter le bois. Seule, errant, dans le silence humble de la capillarité que sa gorge déploie, elle balaie la nuit.

Aram

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Commentaires
A
Superbe! J'en reste bouche bée...
L
Très,très beau texte, vraiment impressionnant! Bravo Aram !
M
On est partagé entre admiration et répulsion... C'est fort !
B
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes mon âme<br /> Ce beau matin d'été si doux.<br /> Sur un lit de cailloux, une charogne infâme...<br /> <br /> En lisant ce portrait, c'est Beaudelaire qui me fait de l'œil.
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