Louis par Marthe (par Fred)
Marthe haussa les épaules. Elle regarda Louis, qui, patient, attendait. De loin, personne n'aurait rien dit de spécial de lui. Mais, de près, disons à quatre-vingts centimètres, tout chavirait. Fallait pas chercher très loin pour savoir pourquoi tout le monde venait tout lui raconter. Disons qu'à un mètre cinquante, deux mètres disons, Louis avait une tête de savant inflexible, inabordable, comme les gars dans les manuels d'histoire. À un mètre, on n'était plus aussi sûr de son affaire. Plus on approchait, pire ça basculait. L'index qu'il vous posait doucement sur le bras pour poser une question, ça vous tirait les paroles tout seul (...) Louis se trouvait moche, vingt ans qu'elle lui expliquait le contraire, mais il se trouvait très moche quand même et tant mieux pour lui si les femmes se trompaient, il disait. C'est un monde d'entendre ça, elle qui avait connu des centaines d'hommes et qui n'en avait aimé que quatre, c'est dire si elle avait du jugement.
Fred Vargas, Un peu plus loin sur la droite