Daniel par madame de K
C’était mon cousin, Daniel. Déjà en avant à l’époque, sur le devant de la scène. Toujours plus brillant que moi, plus beau parleur, plus séducteur. Il captait l’attention. Des parents d’abord, des oncles, des tantes, de grand-maman, il était le chouchou de grand-maman. Puis c’est l’attention des filles qu’il captait. Je n’allais plus dans les boums avec lui, sinon pas moyen de draguer. Et si j’arrivais seul j’avais droit à : « Il n’est pas venu ton cousin ? » Il aurait pu faire acteur. Il a fait Sup de Co à Bordeaux, une brillante carrière, fini directeur commercial dans une grosse boîte de cosmétiques, la Rolex au poignet.
Quand nous avons dispersé ses cendres dans la mer à Vannes il y a deux jours, je me suis demandé bêtement si on lui avait enlevé sa montre avant de l’incinérer. Puis je me suis dit que peut-être à la faveur des courants marins, un peu de lui reviendrait vers le golfe de Guinée de notre enfance.
Texte madame de K
sur une photographie de Luc Lamy