Apolline Mascarin par Clarinesse
Comme tout un chacun, Apolline Mascarin n’a qu’une vie.
Mais elle ne cesse d’en vivre mille. Et c’est lourd à porter, mille vies.
Non point que l’existence d’Apolline Mascarin soit particulièrement trépidante. Mais elle hésite. Elle tergiverse. Elle atermoie. Elle temporise. Elle vit et revit les vingt-cinq prochaines années chaque seconde. C’est épuisant !
À côté, ce qu’accomplit Jack Bauer en vingt quatre heures, ça relève de l’atelier pâte à modeler de petite section de maternelle. Z’avez déjà essayé de faire tenir un quart de siècle en un quart de minute ? C’est costaud ! La détente après compression est redoutable. On s’en prend plein les dents.
Elle peut compter sur les doigts d’une main le nombre d’heures miraculeusement épargnées par l’incertitude. Vécues dans la seule plénitude de l’instant présent.
Funambule sur le fil de l’épée, quand on a le vertige, ce n’est pas très confortable.
Apolline est une chimère : mi-tortue, mi-volaille. Les ailes bien à l’étroit sous la carapace. Un peu comme une coccinelle dont le dos ne serait pas fendu. Peu commode erreur de conception.
Vivre, après tout, n'est-ce pas se laisser fracasser ?